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Quand ben Salmane se joue d'Israël

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le navire israélien Helios Ray, qui naviguait d'Arabie saoudite à Singapour, est affiché (dans un cercle blanc, au centre-droit) sur le site web MarineTraffic après avoir été touché dans le golfe d'Oman, le 26 février 2021. (MarineTraffic/Capture d'écran)

La revue américaine The Financial Times a fait état le samedi 17 avril des efforts des responsables de haut rang saoudiens pour procéder à des dialogues directs avec les responsables iraniens. Des négociations directes auraient eu lieu le 9 avril à Bagdad, après cinq années de rupture de relations diplomatiques irano-saoudiennes et qu’un des responsables y participant les a même qualifiées de positives. Le rapport dit aussi que les « négociations Téhéran-Riyad » étaient axées sur les dossiers du Yémen et du Liban. Quant à l’Iran et à l’Arabie saoudite, ils ont rejeté les informations à ce sujet.

Quelle que soit la nature du rapport du Financial Times, l’affaire a toutes les chances d’inquiéter voire de mettre en colère Israël. Dans une note datée du 18 avril, DEBKAfile y revient longuement.

Trois jours après le raid commando israélien du 9 avril contre le navire iranien Saviz en mer Rouge, les responsables saoudiens et iraniens tenaient tranquillement leurs premiers entretiens en cinq ans pour arranger leur querelle, à l'insu d'Israël. Les sources militaires et de renseignement de DEBKAfile révèlent qu’Israël a accepté de viser le navire à la suite d’une demande du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et du dirigeant des Émirats arabes unis, Cheikh Mohammed ben Ziyad, de supprimer cette menace pour le bien des transports de pétrole en mer Rouge.

Après examen, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accepté la demande, car la sécurité de la navigation en mer Rouge était également dans l’intérêt d’Israël.

Cependant, le Premier ministre n'a pas été informé que les responsables saoudiens étaient sur le point de lancer des pourparlers secrets avec Téhéran trois jours plus tard. Il a été surpris de découvrir que le prince héritier saoudien voulait en fait profiter du raid israélien comme un outil pour renforcer sa main dans les pourparlers secrets avec Téhéran. Si Netanyahu avait été informé de ce stratagème, il n'aurait jamais envoyé l'armée israélienne saboter le navire iranien. L'opération Saviz, bien que réussie, a été malheureuse sur un autre point: elle a mis le gouvernement israélien dans l'embarras vis-à-vis de Washington.

À écouter aussi : une semaine noire pour Israël

Cet épisode, ainsi que d'autres problèmes urgents liés à l'Iran, ont sans aucun doute été abordés dans le cabinet de sécurité israélien le dimanche 18 avril lors de sa première session depuis février.

« Le processus est facilité par le Premier ministre irakien Mustafa al-Kadhimi, qui s'est entretenu avec le prince Mohammed à Riyad le mois dernier », ont déclaré des responsables au Financial Times. « Cela va plus vite parce que les pourparlers américains [liés à l’accord nucléaire] progressent plus rapidement et [à cause] des attaques des Houthis. »

Un haut responsable saoudien a nié que des pourparlers avec l'Iran avaient eu lieu. Les gouvernements irakien et iranien n'ont fait aucun commentaire. Mais un haut responsable irakien et un diplomate étranger ont confirmé les pourparlers. Le premier tour a eu lieu à Bagdad le 9 avril et se poursuivra la semaine prochaine.

Il semble que la voie indirecte américano-iranienne est également en marche, malgré l'affirmation de Téhéran selon laquelle l'enrichissement de l'uranium a atteint une pureté de 60 % à la suite de violations répétées de l'accord nucléaire de 2015. Israël semble avoir été surclassé sur deux voies diplomatiques, qui ont toutes deux pour objectif de restituer à l’Iran un rôle respectable dans les affaires internationales. Il n’est donc pas bon qu’Israël s’appuie sur de nouveaux amis dans le Golfe (Persique, NDLR) ou sur son principal allié, les États-Unis sous l’administration Biden, pour freiner l’inimitié avouée de l’Iran. Il ne peut compter que sur lui-même. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV